Son deuxième album, Concertos & Serenades, sous le bras, Adam Baldwin – qui a grandi à l’intérieur de ces « lignes imaginaires » qui délimitent la Nouvelle-Écosse – offre un témoignage 100 % côte Est qui remet en question le vernis marketing typique du tourisme de cette région. Grâce à huit puissants récits, l’auteur-compositeur se fait le témoin, sous forme d’hommage, de toute une tradition de désespoir : pécheurs et perdants, échecs continuels et âmes en perdition peuplent les côtes et les routes de sa terre natale – et il le fait sans porter de jugement.
Certains récits sont véridiques, d’autres non, et la plupart oscillent sans cesse entre vérité et fiction. « Je crois que le vent de l’ouest a en quelque sorte porté plusieurs de ces histoires ici depuis Porter's Lake ou l’océan Atlantique, affirme M. Baldwin. Et il y en a, des histoires à raconter. Juste en habitant ici, vous rencontrez des gens – des hommes et des femmes qui ont eu une vie très, très dure et qui se sont échinés à travailler en mer pendant des décennies. Ce sont des gens différents, mon vieux, et ils ont des histoires différentes à raconter. Je pense que ça fait longtemps qu’on ne leur a pas donné la parole dans nos chansons. »
La voix de M. Baldwin – rauque avec des touches du dialecte qu’il parle en toute candeur – rend justice à ces récits. Le folk inquiet de la pièce Causeway Road raconte une tragédie familiale de pêche et la vengeance ratée de Danny Fingers; un fantôme s’adresse à sa femme depuis les tréfonds de la mine Springhill qui s’est effondrée dans la diaphane « No. 2 Colliery »; et, en mer, un soldat partage ses réflexions dans la solitaire A Plea to St. Peter Tout n’est pas que tristesse et tragédie, mais personne ne gagne à la loterie non plus – à moins qu’un coup de chance ne compte, comme le pompiste de l’entraînante Gerald Burgess RaceTrac Full Serve Autobody, ou encore presque réussir à échapper aux policiers après un braquage, dans l’exubérante Good Gracious. Dans la mystérieuse Gone to the Dogs, M. Baldwin raconte l’histoire d’un enfant abandonné par Dieu deux fois plutôt qu’une. Et dans l’éthérée Lighthouse in Little Lorraine, il tisse une épopée où se mêlent drogues, trahison et meurtre tout près du Cap-Breton. Lorsque le protagoniste et ses comparses ivres se font expulser d’une danse de salle paroissiale, on peut presque entendre le Mull River Shuffle flotter hors de la salle – de l’autre côté de la vie, « une bouteille d’alcool frelaté à moitié finie, tout feu tout flamme » [traduction].
Célébration des auteurs-compositeurs et des conteurs en plein hiver et partenaire vedette du FROSTival de Fredericton, Shivering Songs accueille des artistes de renommée internationale dans des lieux historiques et intimes du centre-ville de Fredericton, sur le territoire non cédé des Wolastoqiyik.
